jueves, febrero 18, 2010
L'indécrottable religion
Il est remarquable à quel point, lorsqu’on ferme la
porte à la religion, elle réussit à rentrer par la fenêtre.
Dans les universités, les programmes de théologie
n’ont plus tellement la cote, en tout cas ceux
qui s’accrochent à l’orthodoxie des églises.
Malheureusement, les religieux et autres prédicateurs se recyclent
dans l’éthique. Cette confiscation de l’éthique par les
religieux est tout simplement inadmissible. On ne comprend
vraiment pas pourquoi les religieux et autres croyants auraient
quelque connaissance supérieure en éthique, sauf par un préjugé
naïf et ignorant.
Le nouveau programme d’éthique et de culture religieuse proposé
par le ministère de l’Éducation entre tête baissée dans cette
erreur. La religion n’a pas sa place à l’école. Elle devrait être
enseignée dans les églises. Mélanger la connaissance des cultures
religieuses et les règles d’éthique, c’est faire croire qu’il y a un
lien entre l’éthique et la religion. À moins qu’on me fasse une
démonstration de cette absurdité, je regrette, il n’y a pas de lien.
Chose fort amusante, les partisans de la religion à l’école se plaignent que le programme de culture religieuse confonde les
enfants et risque de leur faire se rendre compte que toutes les religions se valent. Il est assez drôle que les tenants d’une religion avouent eux-mêmes qu’il est absolument impossible d’établir la supériorité, encore moins la véracité, de leur croyance. En effet, quel dieu choisir? Oui, ils valent tous la même chose : rien.
Toutefois, cela n’est pas une raison pour les présenter dans
un cours où il doit être question d’éthique et de responsabilité
citoyenne. Le comportement éthique relève des principes de justice,
d’égalité et de liberté. Il doit être adopté rationnellement. Il
n’y a aucune place pour la religion là-dedans.
Francis Lagacé
Les « tables de la loi » à Ottawa
Plus que jamais les doutes ne sont plus permis quant à savoir
qui mène vraiment à Ottawa depuis deux ans, ce sont bel et bien
des moralistes religieux. Nous en voulons pour preuve les deux
récents projets de lois : C-10 et C-484, qui sont présentement à
l’étude au Parlement canadien.
Le premier projet de loi C-10 sur le Crédit d’impôt pour production cinématographique ou magnétoscopique canadienne attribuera, s’il est accepté, à la ministre du Patrimoine l’autorité d’annuler le financement public de films et d’émissions de télévision jugés « contraires à l’ordre public ». En effet, en vertu de cette loi, Patrimoine Canada aura le pouvoir de supprimer
« de façon discrétionnaire » le financement des productions qui contiendraient, par exemple, des scènes de sexualité explicites, de la violence ou de la propagande haineuse. Ces critères n’étant pas expliqués de manière exhaustive dans le texte législatif, l’interprétation est laissée au « bon jugement » de la ministre. Elle pourra ainsi jouer les censeurs à sa guise. Aussi, pour expliquer ce projet de loi hautement controversé dans le milieu cinématographique — ajoutant du flou sans raison là ou les autres lois touchant de telles productions sont claires à ce sujet —, la ministre de Patrimoine Canada, de la Condition féminine et des Langues officielles, Josée Verner, mène depuis lors une campagne dans les médias. Pour appuyer son projet, en entrevue à Radio-Canada, la ministre est même allée jusqu’à prétendre — elle, une ministre d’un gouvernement résolument peu favorable, sinon hostile, à la cause de la communauté LGBT — vouloir protéger les gais et les lesbiennes contre un éventuel usage cinématographique de propagande haineuse! Faut-il le rappeler à la ministre, une telle
protection existe déjà dans les chartes des droits et libertés et dans le Code criminel. Cela dit, que ce soit cette prétention ou le sens véritable de ce projet de loi, cela témoigne des valeurs religieuses et moralistes à l’oeuvre à Ottawa.
Quant au second, le projet de loi C-484 — tout aussi controversé,
scandaleux et également piloté par les fondamentalistes au
pouvoir —, il vise pour sa part à amender le Code criminel pour
créer une nouvelle infraction sur le fait de blesser ou causer la
mort d’un foetus. Il ne faut pas se méprendre sur la portée réelle
d’un tel amendement, sous prétexte de protéger les femmes enceintes
et de lutter contre la criminalité, ce projet de loi a pour
but de réintroduire la criminalisation de l’avortement par la porte
d’en arrière. Un non-sens historique. Un autre projet de loi que le
CQGL (Conseil québécois des gais et lesbiennes) n’appuiera pas
et pour cause!
Ce n’est pas la première ni la dernière fois que l’on constate
la vraie nature du gouvernement en place. Ce qui est surprenant,
c’est que, d’une fois à l’autre, comme ce fut le cas pour l’abolition
du programme de contestation judiciaire ou des programmes
de soutien aux femmes, aux autochtones, les partis d’opposition
laissent aller les choses. Où va le Canada en 2008? Assurément
pas dans la bonne direction!
Steve Foster
En terminant, il importe de rappeler que, dans les religions
en général, la sexualité, l’orientation sexuelle et la femme n’ont
jamais été au beau fixe et ce n’est pas demain la veille que cela
changera.
Le Prix Lutte contre l’homophobie 2008 remis à
M. Marc-André Bédard, ex-ministre péquiste
Soulignant le trentième anniversaire de l’inclusion
de l’orientation sexuelle comme motif interdit
de discrimination dans la Charte québécoise des
droits et libertés de la personne, la Fondation
Émergence a décerné le Prix Lutte contre l’homophobie
2008 à M. Marc-André Bédard, ministre de la Justice de 1976 à 1984, et responsable de cet ajout dans la Charte en décembre 1977. L’interdiction de discrimination constitue une primeur mondiale en ce qui concerne un État.
Le président de la Fondation Émergence, M. Laurent McCutcheon, a rappelé que « tous les droits des personnes homosexuelles sont fondés sur l’interdiction de la discrimination dans les Chartes des droits. Le Québec a été la première province canadienne à protéger les droits des personnes homosexuelles et un chef de file mondial. La remise du Prix Lutte contre l’homophobie 2008 à M. Marc-André Bédard souligne son courage et sa foi en l’égalité des droits de la personne. »
Marquant l’émergence du mouvement gai au Québec, l’inclusion de l’orientation sexuelle dans la Charte est survenue au lendemain des Jeux Olympiques de 1976 qui ont été accompagnés d’une répression envers les homosexuels et d’une série de descentes policières dans des bars gais de Montréal, dont la plus célèbre fut celle du Truxx en octobre 1977.
M. Bédard s’est montré particulièrement touché par cette reconnaissance publique. Il a tenu à réaffirmer son engagement pour les droits de minorités en déclarant « qu’il s’agit là d’un des bons moments de ma carrière politique et, trente ans plus tard, j’en suis toujours fier ».
Reconnaissance internationale :
Joanne Kathleen Rowling, auteure de Harry Potter Pour la première fois, la Fondation Émergence a décerné une reconnaissance internationale pour souligner une contribution exceptionnelle à la lutte contre l’homophobie. Lors du dévoilement de l’orientation homosexuelle de l’un des personnages principaux de l’oeuvre Harry Potter, le professeur Albus Dumbledore, la presse internationale a fait état de cette déclaration. Dans le contexte où l’oeuvre est connue dans le monde entier et que le personnage mérite toute la considération des adeptes de cette oeuvre magistrale,
la déclaration de madame Rowling a engendré des effets indéniablement positifs dans la lutte contre l’homophobie.
Invitée à venir chercher son prix, madame Rowling a transmis ses remerciements à la Fondation Émergence et a dit regretter de ne pouvoir assister à la cérémonie. Deux jeunes gais et une jeune lesbienne, inconditionnels d’Harry Potter, ont reçu le prix en son nom et le lui transmettront. Tous trois, Gabriel Boisvert, Germain Collinge-Ménard et Alice Brassard, ont exprimé leur reconnaissance envers madame Rowling : « Nous avons été émus lors du dévoilement de l’orientation sexuelle d’une idole. Cela a rappelé notre propre coming-out et a ajouté à la fierté de savoir qu’une idole puisse nous ressembler. Merci madame Rowling! », a déclaré Gabriel Boisvalité.
Une participation sans précédent
Depuis la toute première édition de la Journée internationale contre l’homophobie en 2003, l’intérêt suscité par les campagnes de lutte contre l’homophobie ne se dément pas. Plus de 220 initiatives et activités en lien avec la présente campagne ont été portées à la connaissance de la Fondation Émergence et répertoriées dans le site www.homophobie.org De Terre-Neuve jusqu’en Colombie-Britannique, plus de 480 organisations ont commandé 45 000 affiches et 280 000 dépliants qui ont été distribués au sein de leur milieu et mis à la disposition ou à la vue de leurs clientèles.
Avec pour thématique L’homosexualité n’est pas une maladie, la campagne 2008 a intéressé le milieu de la santé dont plusieurs centres de santé et services sociaux, CLSC et ordres professionnels. Les grands acteurs de la société civile et des organismes de tous les milieux se sont joints aussi à cette campagne, tels que des ministères, organismes gouvernementaux, écoles secondaires, cégeps, maisons de jeunes, centrales syndicales, associations étudiantes, groupes jeunesse, centres de femmes, centres communautaires et même quelques églises.
L’homosexualité n’est PAS une maladie!
La campagne annuelle de lutte contre l’homophobie de la Fondation Émergence visait prioritairement les intervenants du milieu de la santé. C’est d’ailleurs un 17 mai, en 1991, que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a supprimé l’homosexualité de la liste des maladies mentales.h
Les préjugés sont tenaces puisque certaines personnes pensent encore que l’homosexualité est un désordre mental ou une maladie et que d’autres croient, à tort, qu’elle peut être « guérie ». Un sondage Léger Marketing, effectué pour le compte de la Fondation Émergence, révèle que 77 % des Canadiens sont d’avis que
l’homosexualité n’est ni une maladie ni un désordre mental; ils sont quand même 30 %, soit près du tiers, à croire qu’il existe des traitements à la disposition des personnes qui voudraient changer d’orientation sexuelle.
rg - fondation émergence -
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